Pourquoi KAAMELOTT ? Parce que c’est KLAASSE !
Kaamelott Volet 1 est sorti le 21/07/2021 et en avant-première le 20/07/2021.
Volet UN d’une trilogie au cinéma, attendue depuis plus de 10 ans et repoussée suite :
- À des pépins juridiques entre CALT Production et Alexandre ASTIER
- Au Covid-19 : film tourné en 2019 mais sortie décalée
KAAMELOTT, avec deux AA comme Alexandre ASTIER, avec deux TT car un seul T était mué comme dans camelot et avec un K, comme dans Cas unique pour ce film de 15 millions d’Euros de budget qui en paraît le double. C’est le second long métrage français tourné avec une ALEXA 65 (ARRI).
Les couleurs sont sublimes et l’image si nette que notre myopie semblait absente pendant la séance. Le chef opérateur s’appelle Jean-Marie Dreujou et bosse avec Jean-Jacques ANNAUD, entre autres.
Avec les 2-3 premières saisons de la série comme repères, l’univers est familier sans être redondant. C’est un film qui s’adresse à tous ceux qui connaissent et aiment les personnages. Et pour les autres alors ? Plaisir, émotions et surprises garanties, si vous aimez les acteurs (film choral, tel Robert ALTMAN), les bons dialogues (Audiard, Blier, Astier, même combat mais style différent), c’est-à-dire la comédie riche d’une bonne histoire.
La courte présence des nombreux personnages à l’écran frustre un peu car le réalisateur ménage son intrigue, avant toute volonté de fan service. Le rythme endiablé fonctionne et on ne s’ennuie jamais, tant la partition est tenue, colorée, livrée à des comédiens employés tels des musiciens.
Ça sonne juste pour rire, s’émouvoir, s’inquiéter ou se laisser surprendre par la densité des lieux, des costumes, des sections de jeu (le quatuor Clavier + De Caunes + Rollin + Lombard). STING en français, s’il vous plaît ! Rien que pour ça, ça vaut le détour. Les semi-croustillants, Perceval et Karadoc, incarnent l’énergie comique que l’on connaît.
Au-delà d’une simple comédie
Pourtant, le metteur en scène ambitionne le cinéma au sens le plus large, ce qui donne un prototype assez rare, inégalable. Aventure, Fantastique héroïque, intrigue Politique (reflets de la situation COVID en France, comme une prémonition)…
Comme le dirait Nicolas SAADA, tout bon cinéaste est « politique » dans le sens où le cinéma d’Alexandre ASTIER est nourri transversalement par :
- un ressenti plus qu’une réflexion ;
- une histoire d’amour et d’amitié ;
- la société tout entière et ce qui s’y passe ;
- le Drame avec la Comédie.
Film d’action au sens le plus narratif du terme, le manque de moyens ne se fait jamais voir ni sentir ni entendre. Trébuchets, châteaux, camps militaires romains, bateaux sur mer véritable, véritable scorpion, sauf au moment d’être jeté.
L’illusion fonctionne admirablement. Si bien que la fugace apparition, près de la tour en ruine de Lancelot, à la toute fin, promet en théorie des merveilles de trucage et de développement pour les volets 2 et 3.
Plus de 2 millions d’entrées fin août 2021, malgré le passe sanitaire : c’est un exploit.
Les avant-premières furent bien senties par le distributeur en salle. Plus de 800 copies tout de même. Il faudra certainement encore quelques mois d’exploitation pour devenir rentable et offrir à l’équipe d’orfèvres de Kaamelott (acteurs, techniciens, etc.) les moyens véritables d’une réussite indépendante et la suite d’un spectacle que l’on rêve déjà grandiose.
Bémol
L’air du temps fustige l’humour misogyne, cisgenré des mâles hétéro blancs dominants.
Les Pictes, Burgondes, Saxons et autre Duché d’Aquitaine ne démontrent absolument pas le triste politiquement correct de l’écriture inclusive qui enfume notre époque, dans un miel doux à l’oreille, qui masque la cruauté d’un réel bien mercantile, dopé à grands coups de GAFAM infâmes et de marketing au dessein bling bling, humanisme désobligeant.
Alexandre ASTIER, vous êtes un résistant culturel efficace, pour vous frayer un chemin mystérieux, souterrain, pour nous faire évader de cette prison mentale, illusoire et morose que le monde moderne, si bienveillant avec tous, pour d’obscures raisons de domination économico-idéologico-industrielle.
Alors on craque
À 100% pour ce KV1 et on le croque, tel un bon quignon de pain semi-croustillant.
Le héro aux 1000 visages de Joseph CAMPBELL fit de Georges Lucas, l’auteur cinéaste des Guerres de l’Etoile.
A travers Christopher VOGLER, Alexandre ASTIER a suivi de près cette école d’écriture, en (lui) préférant le « Comment » des situations et des personnages au « Quoi » des idées.
Ce livre fut la Bible des Studios Hollywoodiens, à l’époque où ils faisaient encore des films avec des scénarios.
Le mélange de répliques ciselées sur mesures, pour acteurs jubilatoires et de récits arthuriens documentés mais aussi libre d’une inspiration inédite, sinon fraîche, n’a pas fini de faire parler de lui, au pays de Molière et de De Funès (dit FUFU). Karr deux Funès en valent mieux qu’un.
ATTENTION : Divulgâchis en vrac ci-dessous
- TROUPASKAYA !!! Intelligence musicale pour coordonner le ballet des trébuchets ;
- Bague des lames, héritée de César (joué par Pierre MONDY dans la Saison 6) ;
- Le premier baiser donné à Guenièvre ;
- Excalibur en flammes bleues électriques ;
- C’est l’histoire d’un héros qui ne veut pas s’aventurer, qui veut mourir et qu’on lui fiche la paix ;
- Meurtre d’amour commis par Arturos en flash-back, comme écho inversé à ce plan en contre-plongée du regard d’Arthur qui épargne Lancelot…
- Méléagant revient en séquence post-générique…
- Mordred à venir ?