Cet article passe en revue les étapes clés de la conception d’une affiche de film. Il aborde les idées essentielles qui servent la réalisation d’un visuel grand format. Attention ! Ceci n’est pas un tutoriel ! L’exemple ci-dessous restera fictif.
James BOND 007 au service de la conception d’une affiche de film
Considérons donc le cas particulier d’un film comme une entreprise dont l’image va être directement portée par une affiche, à des fins de promotion ou de publicité.
Premiers pas
Tout d’abord, il faut rappeler que les conditions de cet exercice ne seront pas les mêmes que celles d’une affiche réelle, en raison de certains aspects techniques. Un matériau photographique de très haute définition (1) serait d’emblée nécessaire pour exécuter un tel travail.
Cela tient surtout au fait qu’un format comme l’affiche a un besoin naturel d’images de grande taille et de très bonne qualité pour être imprimé, voire décliné par la suite en une multitude d’autres formats (plus grands ou plus petits).
Par exemple, une affiche type abribus mesure 120 cm par 176 cm – la norme en imprimerie est de concevoir sa maquette à l’échelle ¼ soit ici un format A3.
La fin justifie les moyens
En premier lieu, pour tout travail destiné en sortie à de l’imprimerie professionnelle, il faut considérer trois paramètres :
– d’abord la taille ou format de la maquette (en cm ou mm pour simplifier)
– ensuite la définition ou qualité de l’image (en DPI ou « dot per inch » – « point par pouce » en français)
– enfin le standard des couleurs (« CMJN » ou « RVB » pour l’essentiel « papier imprimé » ou « lumière écran »)
Ceci ne s’applique qu’aux photographies ou « images bitmap » et non aux images dites « vectorielles » comme les éléments textes. Il existe une multitude de formats de fichier « pixel » ou « vectoriel ».
Pour bien distinguer la taille de la définition, il suffit de se rappeler que la définition est plus importante que la taille d’un fichier image. Une image de 10x15cm en 72 (2) DPI ne s’imprimera jamais sous ce format sans que la qualité en pâtisse nettement. À l’inverse, une image de 10x15cm en 300 (3) DPI s’imprimera à coup sûr dans ce format car elle contient plus d’informations et de pixels (elle pèse plus lourd sur un espace de stockage – cf. le nombre de Mo, Ko).
Le but étant de concevoir une affiche plus que de l’imprimer, l’exercice va donc être simplifié pour contourner les limites d’usage en imprimerie et les difficultés posées par un format A3. Il faudrait bien entendu respecter les paramètres ci-dessus pour obtenir un réel résultat en sortie. Nous allons concevoir une affiche de taille A4 en 72 DPI (non imprimable à cette taille) ce qui correspond uniquement à une définition écran ou à une impression de 5×7 cm en 300 DPI.
S’inspirer sans copier pour la conception d’une affiche de film
Concevoir une affiche alternative pour le film Casino Royale, cela signifie s’inspirer d’un existant dans un premier temps.
Des éléments graphiques et photographiques (visuels, logo officiel, bandes-annonces) rendent compte d’une ambiance et d’un traitement du sujet par un jeu de couleurs (l’ambiance ou « look & feel »). Le repérage de ces éléments est essentiel pour assurer une certaine cohésion visuelle au travail à venir.
Il ne s’agit pas de copier mais de s’inspirer (ce qui fera naître véritablement de nouvelles images). L’objectif n’est pas de refaire à l’identique mais de créer une variation du thème (exactement comme en musique). Il s’agit donc de penser une autre image, proche de ses références car partageant des éléments communs (ex : les silhouettes féminines, les armes à feu, etc…) mais en les agençant de manière assez distincte, originale ou unique.
Une telle démarche implique de définir un parti pris qui reflétera l’esprit de son créateur. Clairement, c’est à cette étape que vous devez vous démarquer des références et les utiliser sans les répéter telles quelles. Le choix est simple : recréation sinon plagiat.
Une idée avant tout pour se démarquer dans la conception d’une affiche de film
Le second temps devra mobiliser quelques astuces pour se démarquer de l’influence première.
Choisir de mettre en valeur des éléments peu exploités (voire non retenus) peut présenter un certain intérêt dans une mise en scène graphique de ce type.
Ainsi la voiture, le personnage de James Bond, son adversaire, le personnage central féminin, le décor du jeu de casino sont autant de portes dans cet univers de film.
Ces éléments bruts sont à modifier de sorte qu’ils s’imbriquent avec harmonie dans la composition finale (4). Le rapport entre la mise en page et la mise en espace se travaille afin d’apporter du relief. L’idée est de donner ici en volume un aperçu quasi symbolique du film, une espèce de scénette réelle et irréelle à la fois : une rue sombre où circule une seule voiture.
L’ajout d’un slogan, dans notre cas de figure, surligne le tout : cela participe au récit d’un univers très iconique et renforce l’accroche publicitaire.
Le concept graphique
D’autres facteurs mettent à l’épreuve la créativité. Ici le choix des images a suivi deux contraintes : la meilleure qualité possible des photos et par conséquent un nombre restreint d’images à utiliser.
Une affiche officielle aura le luxe de trier parmi des dizaines de clichés. De fait, elle retiendra une seule expression du visage de l’acteur ou une posture par exemple. Ce n’est pas le cas ici.
Malgré cette économie, il est impossible de justifier toutes les raisons pour lesquelles le résultat final ressemble à ceci plutôt qu’à cela.
Une certaine recherche permet de tester ce qui fonctionne ou pas. Nous arrivons peu à peu à une composition équilibrée, en fonction de l’effet souhaité.
Ici l’affiche s’est construite pour refléter l’idée d’un film de James Bond pas comme les autres. Il se déroule dans un univers plus froid et sombre que d’habitude, sans effet glamour ni coupe de champagne. Il s’éloigne un peu des poncifs habituels (pas d’arme à feu ni de silhouette sexy ou de nuages de flammes).
Tout cet ensemble définit un concept graphique. Il résume à lui seul très vite ce que le film déroule en deux heures de temps.
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1 Cela exclut d’entrée le Web comme source d’images (trop légères et trop compressées).
2 Standard de la définition pour un écran d’ordinateur.
3 Standard de la définition pour un support d’imprimerie.
4 L’harmonie ne signifie pas forcément qu’il est interdit de bousculer l’œil, de le choquer. Tout dépend du parti pris, du point de vue retenu (ndlr).