Dracula de Luc BESSON : entre ombre et lumière

Pas à 100% réussi car l’efficacité a pris le pas sur l’émotion ; dommage car tous les ingrédients semblaient réunis, sauf l’envie de nous émouvoir :

  • le film n’effraie pas ;
  • il n’essaie pas non plus de nous de faire peur ;
  • ni de nous surprendre ;
  • ni de nous émouvoir aux larmes, avec ce que l’on sait ou croit déjà savoir de VLAD DRACUL.

Titre initialement prévu : DRACULA, A LOVE TALE qui résume l’approche de Luc BESSON et sa vision du film.

Certes, il y a des décors féeriques qui lorgnent du côté de la « Belle et la Bête » de COCTEAU ou de ses successeurs (Christophe GANS, notamment).

Certes, il y a une photo que Guillermo DEL TORO ou Terry GILLIAM n’auraient pas renié.

La musique symphonique ou orchestrale ne marque pas vraiment, contrairement à celle de Wojciech KILAR, dans la version de 1992 de COPPOLA, source d’inspiration principale de Luc BESSON.

Il emprunte à la version de COPPOLA l’intrigue de l’histoire d’amour entre le Prince des ténèbres et Mina.

En bon lecteur de Bram STOKER, je confirme ici l’absence de cette intrigue dans le roman, où DRACULA reste la personnification du Démon de la Mort, maléfique, qui tente de tuer l’Amour d’un jeune couple.

Luc BESSON n’a peut-être jamais lu le roman ou s’en est (vite) désintéressé, tout comme COPPOLA qui avait titré : « BRAM STOKER’S DRACULA ». L’arnaque de Francis !

L’efficacité narrative est telle qu’elle se heurte à l’absence d’implication émotionnelle (dans la salle…). Le traitement de Luc BESSON, son scénario, ses dialogues, bref SON adaptation sont vraiment réussis sur le papier.

Et c’est là un immense paradoxe car s’il parvient à s’éloigner de la version de 1992, avec beaucoup d’astuce et sans aucune niaiserie (chapeau de ce côté-là), il peine – pour ne pas dire échoue – à nous emporter, à nous impliquer émotionnellement, tel qu’il a su le faire par le passé, avec Léon ou Le Grand Bleu.

Il reste les acteurs, dont Caleb en tête, sincère, doué, romantique, torturé. Si la version de 1992 n’existait pas, il serait reconnu à sa juste valeur… L’influence de Gary OLDMAN hante encore Luc BESSON qui l’a dirigé pour Léon et le 5ème élément.

L’acteur britannique avait déclaré à l’époque, en 1997 : « Luc n’est plus le même homme, depuis qu’il a réalisé le 5e élément ».

C’est peut-être ça le mystère de ce DRACULA : ressusciter une vision, tenter d’insuffler un sang neuf, à travers le talent d’un autre.

Le jour où vous souhaiterez de nouveau nous émouvoir, M. BESSON, vous n’aurez plus besoin de voler ailleurs, le ou les talents que vous avez et qui dépasse(nt) la somme de ses/leurs parties. À moins que vous ne soyez plus que l’ombre de vous-même ?

Ici, le film fonctionne techniquement, artistiquement mais pas émotionnellement. Abattage de plans bien rythmés sans impact de mise en scène.

Le grand absent : le temps qui (vous) aurait permis – si vous l’aviez pris – d’installer, développer, distiller une atmosphère, le tout au service DES émotions.

Où est Eric SERRA ? Il n’est pas dans votre temps de l’homme pressé. Logique de son absence pour ce film.

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