Dracula de Luc BESSON : entre ombre et lumière

Pas à 100% réussi car l’efficacité a pris le pas sur l’émotion ; dommage car tous les ingrédients semblaient réunis, sauf l’envie de nous émouvoir :

  • Le film n’effraie pas ;
  • Il n’essaie pas non plus de nous de faire peur ;
  • Ni de nous surprendre ;
  • Ni de nous émouvoir aux larmes, avec ce que l’on sait ou croit déjà savoir de VLAD DRACUL.

Un conte romantique sur la forme mais…

Initialement, le titre prévu narrait : DRACULA, A LOVE TALE qui résume bien l’approche de Luc BESSON et sa vision du film.

Certes, il y a des décors féeriques qui lorgnent du côté de la « Belle et la Bête » de COCTEAU ou de ses successeurs (Christophe GANS, notamment).

Certes, il y a une photo que Guillermo DEL TORO ou Terry GILLIAM n’auraient pas reniée.

Pourtant, la musique symphonique ou orchestrale ne marque pas vraiment, contrairement à celle de Wojciech KILAR, dans la version de 1992, de COPPOLA, source d’inspiration principale de Luc BESSON.

Une adaptation fidèle à… ?

Premièrement, il emprunte à la version de COPPOLA l’intrigue de l’histoire d’amour entre le Prince des ténèbres et Mina.

En bon lecteur de Bram STOKER, je confirme ici l’absence de cette intrigue dans le roman, où DRACULA reste la personnification du Mal et de la Mort, qui tente de tuer l’Amour d’un jeune couple.

L’auteur-réalisateur de LUCY n’a peut-être jamais lu le roman ou s’en est (vite) désintéressé, tout comme COPPOLA qui avait osé titrer : « BRAM STOKER’S DRACULA ». La belle arnaque de Francis !

Dans cette version 2025, l’efficacité narrative est telle qu’elle se heurte à l’absence d’implication émotionnelle (dans la salle…). Le traitement de Luc BESSON, son scénario, ses dialogues anglais, bref SON adaptation, sont néanmoins vraiment réussis, sur le papier.

Et c’est là un immense paradoxe car s’il parvient à s’éloigner en partie de la version de 1992, avec beaucoup d’astuce et sans (aucune) niaiserie (chapeau de ce côté-là), il peine – pour ne pas dire échoue – à nous emporter, à nous impliquer émotionnellement, tel qu’il a su le faire par le passé, avec Léon ou Le Grand Bleu.

À quoi ce jeu mène-t-il ?

Enfin, il reste les acteurs, dont Caleb Landry JONES en tête, sincère, doué, romantique, torturé. Si la version de 1992 n’existait pas, il serait reconnu à sa juste valeur… L’influence de Gary OLDMAN hante encore Luc BESSON qui l’a dirigé pour Léon et le 5ème élément.

Ainsi, l’acteur britannique avait déclaré à l’époque, en 1997 :

« Depuis qu’il a réalisé le 5ème élément, Luc n’est plus le même homme ».

Par conséquent, le mystère de ce DRACULA s’estompe. Il ressuscite une vision, tente d’insuffler un sang neuf, à travers le talent d’un autre.

Le jour où vous souhaiterez de nouveau nous émouvoir, M. BESSON, vous n’aurez plus besoin de voler ailleurs, le talent que vous avez et qui dépasse la somme de ses parties. À moins que vous ne soyez plus que l’ombre de vous-même ?

Ici, le film fonctionne techniquement, moins artistiquement et pas vraiment émotionnellement. Abattage de plans bien rythmés, sans impact de mise en scène.

Le Grand absent

Le temps qui (vous) aurait permis – si vous l’aviez pris – d’installer, développer, distiller une atmosphère, le tout au service DES émotions.

Où est Eric SERRA ? Hors de votre temps de l’Homme pressé. Logique de son absence pour ce film.

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